Henri évoque l’UVF (Union Vélocipédique de France), le TCF (Touring Club de France) qui est une émanation de l’UVF, mais aussi le VCO (Vélo Club Offroy, appellation non officielle donnée aux cyclistes de la banque). L’UVF est cité la première et la dernière fois pour une course de 100 Km (24 Septembre 1893) à laquelle il participe. Le TCF est cité pour la première fois le 4 Juin 1894 : « C’est aujourd’hui l’épreuve du TCF sur route ». Il s’inscrit d’ailleurs le 12 Mai 1895 à une épreuve du TCF qu’il accomplit avec 112 concurrents, ne donnant que la durée de sa performance : « 4 H 38 », et non son rang d’arrivée : il se contente « de jeter [son] numéro aux contrôleurs de l’arrivée » et de conclure « c’est fait ». Notre cycliste n’est pas un coureur, pas plus que ses amis ! Par la suite, il n’est plus jamais question d’une quelconque participation à des courses cyclistes : ils n’ont rien à démontrer, ce sont des individualistes.
Le TCF a ses lieux de rencontre, de communication. Un « kiosque » permet d’épingler des rendez-vous « à la Croix de Noailles un mot pour Cornet qui d’ailleurs ne vient pas » (21 Avril 1895) ; « c’est aujourd’hui l’épreuve du TCF sur route … J’avais donné rendez-vous au chalet du TCF à Robert et à Schaunard, mais ni l’un ni l’autre ne paraissent » (12 Mai 1895) ; Je retrouve Léo au chalet du TCF et trouve Conrad le Directeur du Cycle [journal], un autre dessinateur et un constructeur de machines » (6 Juin 1895).
Le TCF édite un Annuaire des hôtels et restaurants ainsi que des mécaniciens affiliés à cette association. La présentation de la carte de membre du TCF permet une remise de 10% sur leur séjour. Cela se passe bien dans 67% des cas, et pour diverses raisons mal dans 23% des cas. Les discussions avec le Patron ou la Patronne ont été tendues, et par 4 fois (19 Août 1894, 20 Août 1898, 2 Avril 1899 et 21 Août 1901), à la demande de notre auteur, des hôtels-restaurants qui refusent la remise de 10% seront rayés de l’Annuaire.
« Nous nous arrêtons à l’hôtel du Dauphiné qui quoique n’étant pas sur l’Annuaire du T.C.F. a son panonceau.» (Rouen 8 juin 1895); « Nous passons devant un hospice puis arrivons au Petit Andelys où nous demandons l’hôtel Bellevue indiqué par l’Annuaire.» (Les Andelys 9 juin 1895); « Après l’apéritif obligatoire, nous allons à l’hôtel de la Boule d’or et, et après m’être assuré que les prix sont bien ceux indiqués sur l’Annuaire du Touring, nous partons Boinet et moi, voir un peu la ville.» (Orléans 15 août 1896); « Enfin nous arrivons à l’hôtel du Croissant… Le patron de l’hôtel se plaint à moi de n’être plus sur la nouvelle édition de l’Annuaire. Je lui promets de faire une enquête.» (Tours 16 aout 1896); « Je demande l’hôtel du Pélican, c’est au bout de la ville et cela soulève déjà quelques protestations. Après avoir avalé pas mal de pavés, nous arrivons à cet hôtel dont l’aspect n’a pas l’air des plus cossus. C’est le tour de Gondolo de faire la tête et de protester. Il me faut essuyer des reproches sanglants. Mais sapristi, pouvais-je savoir le luxe de cet hôtel ? L’annuaire ne porte que celui-là et un autre dont les prix sont très exagérés. Qu’il est difficile de contenter tout le monde.» (Angers 17 août 1896); « Nous revenons nous coucher dans l’horrible hôtel… Nous descendons et, au bureau, je recommence, cette fois avec le patron, la discussion de la veille et sans plus de succès d’ailleurs. Il est tout juste poli. Je le prie donc d’acquitter ma note – il me fait payer le timbre – et nous quittons l’hospitalière maison, bien décidés à faire tout ce qu’il faudra pour le faire rayer de l’Annuaire » (Nantes 19 août 1896); « Puis nous retournons à l’hôtel, payons la note – l’hôtesse, après réclamation, nous fait le prix indiqué par l’annuaire » (Nîmes 4 juillet 1897); « Après diner nous fumons une pipe sur un banc, en face de l’hôtel, puis demandons la note. Les chambres étaient comptées dix sous plus cher que sur l’Annuaire ; je réclame et on diminue immédiatement.» (Tarascon 4 juillet 1897); « Nous revenons à l’hôtel. Le maître de l’établissement se refuse à nous faire la remise de 10% indiquée sur l’annuaire sous prétexte qu’il nous a mis, sans que d’ailleurs nous l’ayons demandé, à une table séparée. Je proteste mais paie.» ( Salon 5 juillet 1897); « Nous rentrons à l’Hôtel et je demande la note. Naturellement celle qu’on me présente porte des prix autres que ceux de l’Annuaire. Je proteste et obtient gain de cause.» (Sens 10 avril 1898); « Je commence par me plaindre bruyamment de notre réception d’hier, lui assurant que son hôtel sera rayé de notre annuaire – ce qui a été fait sur ma plainte – et comme elle a le toupet de me demander 7F pour son grenier, je lui mets cent sous dans la main en lui disant que si elle n’est pas satisfaite elle n’a qu’à se plaindre aux Autorités.» (Gérardmer 20 août 1898); « Le patron de l’hôtel de France à qui je montre ma carte du T.C.F. me prévient que les prix du nouvel Annuaire sont faux. Je n’ai d’ailleurs que celui de l’an dernier qui correspond au tarif qu’il me donne.» (Pont à Mousson 26 août 1898); « D’un ton rogne il me déclare que déjà plusieurs fois il a eu des difficultés à cause de notre Annuaire qui porte ses prix en français et non en marks et il me tend ma carte ajoutant que si cela ne me va pas je n’ai qu’à aller ailleurs… (L’hôtel a été par la suite rayé sur notre réclamation).» (Strasbourg 28 août 1898);
« L’Annuaire du T.C.F. n’indique pas d’hôtel mais on nous en désigne : hôtel de la Poste & de l’Ecu, où nous allons déposer nos machines.» (Gien 21 mai 1899); « Je demande la note. On nous la présente sans la réduction de 15% mentionnée à l’Annuaire. Je proteste et obtient que cette réduction porte sur le prix du repas, mais ne peux arriver à l’avoir sur le restant. Je reproteste, menace des foudres du Touring et paies dignement.» (Quiberon 3 juin 1899 ); « On veut me prendre 2,50 F pour la chambre. Je résiste et déclare que le prix indiqué sur l’Annuaire, 2 F, est grandement suffisant, étant donné la saleté, ce qui fait gémir mon malheureux garçon.» (Redon 16 juillet 1906); « Je n’ai pas l’annuaire du Touring pour le Nord et ne sais où descendre. Un garçon de café me désigne l’hôtel du faisan, ultra chic où je dine très bien.» (Tours 7 août 1907 );
L’annuaire est aussi une mine pour dégauchir un mécanicien, un bureau de poste, une chambre noire…
« Nous revenons vers l’hôtel. L’annuaire consulté, nous nous apercevons que le mécanicien du T.C.F. est justement près de la gare. Quelle guigne !» (Avignon 2 juillet 1897); « Perdrons-nous notre temps à le réparer ? Ma foi non ! Pendant que Léo démonte sa roue, je consulte l’annuaire, demande au garçon le mécanicien le plus proche de ceux indiqués, puis nous quittons l’hôtel.» (Nice 9 juillet 1897);
On peut consulter la collection complète des guides du TCF sur le portail des bibliothèques spécialisées de la ville de Paris.
Le TCF se préoccupe d’améliorer les chambres d’hôtels en aidant leurs propriétaires à aménager des « chambres hygiéniques » : Rochefort … chambre très propre aux murs blanchis à la chaux. Encore une victoire du Touring » (4 Juillet 1903) ; « La Roche Posay …Je descends à l’Hôtel central, tout flambant neuf et installé suivant les principes du Touring … Ma chambre simplement meublée d’une petite armoire, d’une table de nuit et d’un lit de barreaux à bois clair, d’une toilette et de deux chaises, n’a pas de tableau … Le tout respire la propreté et j’en félicite l’hôtelière » (6 Août 1907) ; « A Saint Etienne de Vauvray, je déniche l’hôtel du Touring, simple, mais d’une propreté étonnante » (1° Novembre 1908).
Le TCF aménage les routes : « parti vers 6 H, j’arrive à Houilles à 7 H après avoir remarqué le changement que le TCF a apporté à la route. Après le rond point de la Défense nationale, il a fait pratiquer dans le trottoir trois rampes qui permettent de monter sur celui-ci sans descendre de machine » (19 Juillet 1895). Mais ces efforts sont parfois vains : « Nous reprenons la route de Chatillon. L’ineffable trottoir du TCF a disparu sous les rails d’un infâme tramway » (19 Juin 1904).
Le TCF aménage le mobilier urbain et rural. Il installe des poteaux indicateurs : « après Remoulins … le Gardon franchi, nous apercevons une plaque du TCF : Pont du Gard à 2.5 Km. Cela nous fait donc un crochet de 5 Km, mais vrai, çà vaut cela ! Quelle splendide construction ! » (4 Juillet 1897) ; « j’atteins le plateau où enfin j’aperçois une plaque indicatrice. Elle a d’ailleurs été placée par le Touring et indique la Grève du Luq. Vive le TCF ! » (10 Juin 1900) ; « je remarque une plaque du TCF cataloguant un chemin de 10%. Je l’enlève » (9 Juin 1907) ; « après Nemours … je gravis [à pied] le rocher de Beauregard, récemment inauguré par le TCF qui y a fait des sentiers et dont le pavillon flotte au sommet » (12 Avril 1909) ; « A la sortie de Limarzel, une plaque du Touring nous invite à faire un crochet de 5 minutes jusqu’à un moulin que nous ne trouvons pas, mais en revanche, la vue est intéressante » (26 Juillet 1910). LE TCF remplace les autorités pour orienter.
Le TCF installe aussi des bancs de repos : « à Rochefort … nous nous asseyons sur la place. Encore un banc que le TCF fit installer » (4 Juillet 1903) ; « je m’arrête un moment à un banc installé par le Touring » (5 Août 1907) ; « pendant plusieurs Km, je remarque 4 ou 5 bancs du Touring et de plus nombreuses plaques indiquant des sites voisins. Je remarque que des vandales ont arraché les plaques de fonte mettant ces bancs sous la sauvegarde du public » (5 Août 1907). Le « vandalisme » n’est pas l’apanage des XX° et XXI° siècles.
Le TCF délivre une carte d’adhérent (qui facilite le passage des frontières : Suisse, Italie) et un insigne porté au veston. Il édite une revue mensuelle : « l’autre jour, dans la revue du Touring, j’ai remarqué dans les offres de machines d’occasion une rétro directe d’hirondelle » (27 Mai 1906). « je m’aperçois que j’ai perdu mon insigne du Touring. Gondolo, évidemment, n’a pas le sien, pas plus que sa carte d’ailleurs. » (27 mai 1899).
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