CHEMINS DE HALAGE, BACS DE COURS D’EAU, BATEAUX.
Les chemins de halage ne sont cité que 5 fois. C’est pourtant un moyen formidable de pratiquer la bicyclette[1] : « le Nord est le département le plus mal partagé pour la vélocipédie. La plus grande partie des routes sont pavées et l’on devra employer souvent les chemins de halage.» (1889); « nous suivons la Sambre. Le terrain du chemin de halage n’est pas fameux, mais il n’y a pas de côtes et il est beaucoup plus court.» (10 avril 1889);« Vers 1 H ½ nous partons, franchissons le canal et attaquons les 20 Km qui nous séparent de Pontivy. Le dit canal est au chômage, c’est-à-dire qu’il est souvent presqu’à sec, ce qui retire une partie de son pittoresque. » (3 Juillet 1903) ; « Notre route, très plaisante, suit de près le canal qui est maintenant l’Oust jusqu’à Saint Congard, village insignifiant. » (4 Juillet 1903) ; « Après le Pont de Conflans, je tourne à gauche jusqu’à [Fère ?] d’Oise encombrée de chalands et de pécheurs, suit le chemin de halage jusqu’à la Neuville » (25 Août 1907) ; « Je gagne péniblement le pont de Ranville et là suit le chemin de halage du canal de Caen à la mer jusqu’à Ouistreham. » (17 Juillet 1908) ; « Nous atteignons ainsi le canal de Nantes à Brest qui va nous conduire jusqu’à Malestroit. » (26 Juillet 1910).
Les bacs sont mentionnés 7 fois : « L’idée du bac séduit et je gagne mon procès … Bientôt un écriteau nous indique le bac et, passant à travers les vignes, nous gagnons le bord de la Loire et du bac, large bateau conduit par deux hommes où les voitures peuvent monter. A l’aide de grandes gaffes, les hommes nous poussent au large et la traversée commence. Le courant est violent et la manœuvre pénible, mais cependant bientôt nous atteignons l’autre rive, et de nouveau en selle filons sur Vouvray. » (16 Août 1896) ; « A l’aide du bac à vapeur, une sorte d’embarcation munie d’un gouvernail à l’avant et à l’arrière, nous traversons le Vieux Port et entrons dans les rues sales et étroites du vieux Marseille. » (11 Juillet 1897) ; « Nous sommes assez en peine de savoir si nous trouverons un bac pour regagner la presqu’ile de Rhuys… Jugeant le moment venu d’éclaircir ce point, j’avise ce berger et lui demande si oui ou non il y a un passeur. Oui, Monsieur, me répond-il simplement et en bon français : c’est moi ! Il faut avouer qu’il nous en a bouché un coin, l’ancêtre ! … Notre passeur, avec un petit bateau et un aide, a été chercher un plus grand de l’autre côté. Le vent est complètement tombé et cela demande du temps. Une fois embarqués, il faut qu’ils marchent à l’aviron, la voile flasque est inerte … Pour éviter de prolonger notre traversée, le matelot ne nous mène pas jusqu’au petit quai, mais nous fait aborder dans les rochers et il nous faut faire de la gymnastique pour prendre terre, nous et nos machines. Il nous demande 20 sous pour ce voyage, j’en donne 30, vrai, cela les vaut. » (4 Juin 1898) ; « Sur la route d’Henric. Avant ce village, il me faut franchir une rivière assez large à l’aide d’un bac. Je n’ai plus que 2 sous de monnaie et le pauvre passeur veut bien s’en contenter. » (29 Juin 1903) ; « A 8 H, … je file vers le Croisic. Le bac à voile d’autrefois a été remplacé depuis le commencement du mois par un somptueux canot à pétrole, plus commode, plus pratique, mais moins pittoresque. » (7 Juillet 1903) ; « nous gagnons Bourg de Batz, le Croisic où le bac à pétrole nous transporte à Pen Bron. » (17 Juillet 1908) ; « Après c’est le passage de Crau où on franchit la Vilaine toujours jaune et boueuse. Le passeur n’est pas là, mais je n’ai qu’à héler pour le voir apparaître, un gamin qui doit lutter vaillamment pour traverser la rivière dont le courant est très rapide. Ses abords sont recouverts d’une épaisse couche de vase dans laquelle Triplepatte s’enfonce ignoblement. Mon jeune passeur a l’amabilité d’en enlever le plus gros. » (19 Juillet 1908).
Les bateaux sur cours d’eau ou sur lacs : ils apparaissent 7 fois : « Je vais d’abord m’informer de l’heure des bateaux pour Namur. J’ai de la chance car, au lieu de l’unique départ vers 1 H qu’il y a chaque jour, ils s’en trouvent aujourd’hui trois dont un à 8 H ½. Je place ma machine sur le pont du bateau et, après avoir pris un ticket de 50 centimes, nous partons … J’arrive à Namur vers midi. » (15 Août 1892) ; « Cependant nous approchons : la rivière resserre et, comme je tiens la barre, il me faut déployer une habileté énorme pour faire sans encombre notre bateau large d’un mètre cinquante dans un chenal de 6O. J’y réussis néanmoins et ne heurte même pas un grand Aviso de l’Etat mouillé à cet endroit. Nous atterrissons. Il est 5 H ½. » (4 Juin 1898) ; « Je vais trouver mon bateau. C’est le premier voyage qu’il fait cette année et le service n’est pas encore bien assuré … Cette vallée de la Rance est de toute beauté … Tantôt la rivière s’étend sur une largeur de près d’un kilomètre, tantôt elle se resserre en un étroit goulet. Une ligne de bouées indique le chemin à prendre… Nous arrivons à une écluse et une discussion entre le capitaine et l’éclusier. Celui-ci prétend que le bateau n’aura pas assez d’eau : on a omis en effet de remonter le niveau la veille comme cela aurait dû être fait. On parle déjà de descendre là. Il y a encore 7 à 8 Km jusqu’à Dinan et les voyageurs, ceux surtout qui ont des bagages, font une tête ! Enfin, le capitaine décide de tenter l’aventure et, l’écluse franchie, nous continuons notre route, mais avec grande précaution et très lentement. Malgré cela, nous nous apercevons que l’avis était salutaire car, à chaque instant, des grincements et des déchirements nous indiquent que nous touchons le fond … Mon admiration est coupée net par un arrêt brusque de notre bateau. Cette fois ça y est, nous sommes échoués. Le capitaine envoie une ficelle à terre. Nous nous amusons de l’empressement comique que met une vieille femme à la recevoir et à l’amarrer. Elle ne peut y arriver et le canot de bord doit transporter un homme. Enfin, grâce au cabestan, nous pouvons nous renflouer et bientôt nous voila devant cette vue magnifique qu’est Dinan. » (7 Juin 1900) ; « Le lendemain matin, c’est sur un bateau pliant, une longue ballade sur la Marne qui présente là de petites iles délicieuses. » (13 Juillet 1902) ; « Nous décidons de faire le tour du lac. Le bateau ne part qu’à 6 H 10 … Il arrive un charmant bateau à pétrole et bientôt, nous filons rapidement sur l’eau bleue du lac… Nous prolongeons donc notre excursion et allons à Talloires, village placé à l’endroit resserré séparant le grand et le petit lac… Nous virons de bord en même temps que l’orage éclate. Nous avons commis l’imprudence de ne pas emporter nos pèlerines et il nous faut recevoir cela avec stoïcisme, nous contentant de recouvrir nos jambes des paillassons servant à s’assoir. Nos casques ruissellent et le blanc de guêtre … coule sur mes épaules en larmes blanches ! Enfin à 6 H ½ nous sommes de retour à Aix-les-Bains … Monsieur Maxime propose de recourir à un bateau à pétrole. On lui fait d’abord 30 Francs mais cela s’abaisse à 10 … A 2 H nous embarquons, le patron accompagne l’homme qui nous conduit et nous donne divers renseignements … Le vent est violent et le bateau saute étonnement. Vais-je avoir le MAL DE MER ? Non, cela marche… Le lac du Bourget, très beau évidemment, ne vaut pas celui d’Annecy … A 4 H, un orage d’une force inouïe éclate. Notre petit bateau roule éperdument, son moteur fait de son mieux mais pas assez vite pour nous éviter le début d’une véritable trombe. De la côte, plusieurs personnes regardent curieusement ce petit bateau que des vagues énormes secouent furieusement. Enfin nous atterrissons et nous réfugions en courant à l’hôtel. » (1° Août 1902) ; « Hier Frédi m’a diaboliquement fait faire toute la montée. Cette fois, je me précipite sur les avirons et me laisse mollement descendre jusqu’à Changy … Apitoyé, j’ai voulu prendre un aviron, mais cette collaboration a produit un tangage inusité de notre léger esquif et ces dames ont réclamé énergiquement le statu quo ante. » (16 Avril 1906) ; « Vers 4 H, nous collons nos personnes et Triplepatte dans un large canot qui nous ramène doucement à Cergy suivant cette boucle de l’Oise si verdoyante et si pittoresque. » (25 Août 1907).
Les voyages en mer apparaissent 5 fois : « Cependant l’heure s’avance ; je prends congé, paye et me dirige vers l’embarcadère. Mon douanier de ce matin me plombe ma machine et je monte à bord. … Un coup de cloche et nous partons. Je fais ma première photo. Notre bateau – il faisait autrefois le service de Rouen au Havre – est un vrai sabot ; il marche lamentablement et roule avec énergie malgré une mer très calme. A mes pieds, sur le pont, plusieurs femmes sont malades et les matelots distribuent des cuvettes. Moi, sur ma passerelle, d’ailleurs moins remué et ayant la bonne brise, je me conduis vaillamment… Bientôt, du reste, des rochers nous couvrent et la mer se calme. Peu à peu la côte de Jersey se dessine de mieux en mieux, …, entrons dans le port de Gorey… Naturellement j’arrive à l’embarcadère bien trop tôt, avant même les employés. En plus de mon billet, je suis obligé de payer un shilling pour ma bicyclette. … Ce bateau est superbe et mon billet de première me permet de m’installer sur le pont supérieur. On part enfin et c’est entre les voyageurs & les restants, des signaux prolongés ; tant qu’on n’a pas perdu de vue la jetée ce ne sont que mouchoirs agités. Le temps est très sombre et la pluie menace. Le bateau marche merveilleusement, accompagné par quelques mouettes qui semblent jouer avec lui et rivalisent de vitesse. Bientôt nous doublons la Corbiere, moins grandiose vue ainsi que lorsqu’on la voit de Jersey Aussitôt la mer devient beaucoup plus dure … Cela va d’ailleurs sans encombre & bientôt nous entrons dans le port de St Pierre de Guernesey. Aussitôt une nuée de marchands se précipitent à bord, offrant des paniers de fruits merveilleux. J’ai de sérieuses difficultés pour débarquer. Bien que la Compagnie prenne un shilling par bicyclette, elle ne s’en occupe pas le moins du monde et je dois faire des prodiges d’équilibre pour regagner la terre ferme…. Sur le quai, pas de bateau. Celui de Southampton arrive enfin, l’Alberta dans lequel on engouffre aussitôt une multitude de colis. Il est 7 H 35 quand nous partons. Le temps est toujours maussade, pas chaud et je me refugie près de la cheminée. Cela sent la graisse mais, en dépit du roulis, je ne me sens pas incommodé. Le bateau remue pas mal et c’est difficilement, en m’accrochant aux cordages, que je puis me déplacer. Il va cependant très vite et peu à peu Guernesey s’efface à l’horizon pendant que Jersey se précise. …, le capitaine me croise, il me dit : Bonne brise, n’est ce pas ? Il parait que je n’ai tout de même pas l’allure anglaise. Nous arrivons à 9 H 40 et les mêmes difficultés surgissent pour débarquer ma bicyclette. » (voyage dans les iles anglo-normandes en 1900) ; « A 1 H, nous sommes au bateau qui part bientôt … En partant, on aperçoit à peine l’ile d’Yeu, distante de 24 Km, mais peu à peu elle se précise. Le capitaine, M. Garnier, signalé par Joanne, quoique charmant homme, nous empile en nous prenant 4 sous par bicyclette alors qu’une notice qu’il vient de nous donner indique que chaque voyageur a droit à 30 Kg de bagages… Retour : Traversée délicieuse par un calme plat …. Le capitaine ne nous a décidemment pas empilé car il nous montre les tickets spéciaux pour les bicyclettes. Près de terre, le brouillard nous force à ralentir … Vers 1 H moins le quart, nous arrivons à Fromentine et retournons dans nôtre hôtel. » (28-29 Juin 1901) ; « Nous prenons à 9 H ½ le bateau de Noirmoutier qui en 1 H ½ nous mène au Bois de la Chaise. Mer très calme… Vers 5 H ½, nous reprenons le bateau. Mer un peu ^plus agitée. Bien que le bateau soit appuyé par son foc, il roule pas mal, étant peu chargé…A l’estacade de Pornic, le timonier rate l’arrivée et il lui faut revenir en arrière et faire de longues manœuvres pour revenir au bon endroit. « (5 Juillet 1904) ; «aujourd’hui se termine notre séjour à La Turballe… A Saint Nazaire, nous allons tout de suite au port pour nous informer de l’heure du bateau de Nantes …A 2 H le bateau part, et je refais en sens inverse le trajet de Saint Nazaire à Nantes. » (29 Juillet 1904) ; « Nous filons Firmin et moi sur Piriac où le Capitaine a réquisitionné un bateau pour nous … Malheureusement le patron du bateau l’attend pour aller à la pêche et nous devons revenir pour 3 H ½. En visant pour accoster au quai, la vergue qui tient la grand voile en bas accroche un autre bateau et se détache du mât. Il tombe et, comme je suis exactement au-dessous, je le reçois juste sur le crâne. Mon binocle tombe et je reste une seconde abruti , mais il n’y a pas de mal. » (10 Septembre 1907) ; « Vers 3 H 1/3 avec Jo, nous embarquons. Sortis du port, la voile se décroche et le père Châtelain peut difficilement attraper avec une gaffe le crochet qui est resté en haut du mât. Ce tout petit bateau file très bien et tiens bien la mer qui est beaucoup remuante que l’autre jour à Piriac. Le patron m’a prêté une ligne et bientôt je retire un maquereau tout frétillant … Après une nouvelle prise, je passe la ligne à Jo qui en prend successivement neuf ! Nous avons maintenant le cap sur la pointe de Piriac, et la mer ayant fraichi, notre bateau saute pas mal. …Le grand tangage est remplacé par un maudit roulis… A quelques 100 mètres du port, je dois capituler [il vomit !]. Philosophiquement je retire mon binocle et paie mon tribut. Ce que les maqureaux doivent se tordre ! Nous voila sur la terre ferme et emportant nos poissons nous rentrons chez nous. » (13 Septembre 1907).
[1] Voyez le site de notre ami et co-auteur de ce site : velocanauxdodo dont la devise est « C’est pas parce qu’on roule à plat qu’on est des dégonflés ».
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